Je cède ici à la facilité de reprendre ces articles (source 1, 2, 3) sur ce livre d'Anne Morelli :
L'auteur analyse et dénonce les méthodes de propagande utilisées par les nations modernes pour gagner l'opinion publique à leur cause et justifier ainsi leurs guerres pas toujours si justes. Historienne, professeur à l'Université Libre de Bruxelles ("la critique historique appliquée aux médias modernes"), Anne Morelli est particulièrement bien placée pour cette analyse.
Ces "principes élémentaires", qui frisent l'intoxication ou le simple "médiamensonge", ne sont évidemment pas récents.
Le point de départ est le livre d'Arthur Ponsonby "Falsehood in Wartime" publié à Londres en 1928 :
"Arthur Ponsonby a ainsi décrit quelques mécanismes essentiels de la propagande de guerre, qu'il est possible de résumer en dix commandements. J'ai systématisé ces "dix commandements" en dix chapitres (…), je me suis attachée à démontrer qu'ils n'étaient évidemment pas à l'œuvre dans la seule Première Guerre Mondiale et que, depuis, ils ont également été utilisés régulièrement par les parties en présence, lors de conflits, même parmi les plus récents."
Plus de détails derrière ces liens :
- Nous ne voulons pas la guerre
- Le camp adverse est seul responsable de la guerre
- L’ennemi a le visage du diable (ou L’ « affreux » de service)
- Les buts réels de la guerre doivent être masqués sous de nobles causes
- L’ennemi provoque sciemment des atrocités, nous commettons des bavures involontaires
- Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l’ennemi sont énormes
- Notre cause a un caractère sacré
- Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause
- L’ennemi utilise des armes non autorisées
- Ceux qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres
Guerres mondiales, Kosovo, guerre du Golf, Irak... Anne Morelli reconnaît ouvertement que la propagande n’est pas le propre des régimes nazis ou fascistes mais qu’elle affecte aussi nos régimes démocratiques.
Quant à la diversité de l’information tant vantée pour distinguer nos régimes des régimes totalitaires, il devient patent aux yeux d’un nombre sans cesse croissant d’analystes médiatiques qu’il s’agirait tout au plus d’un slogan destiné à maintenir les gens dans l’illusion de la liberté de pensée.
L'analyse d'Anne Morelli passe toutefois sous silence une des questions élémentaires concernant la propagande de guerre : « Quelle est l’origine, la cause rendant nécessaire un tel phénomène ? »
La propagande de guerre est certainement liée à l’émergence des nationalismes au XIXème siècle et plus spécifiquement des régimes démocratiques. La propagande de guerre serait donc un phénomène historique visant essentiellement à toucher le peuple dans la mesure où celui-ci est désormais (théoriquement) associé au pouvoir ! Et la propagande de guerre est orientée de telle manière que le peuple continue à soutenir ses dirigeants dans les crises les plus graves. C’est ce qui fait à la fois la force et la faiblesse d’un pouvoir politique qui s’appuie sur le peuple.
Au-delà de son actualité, ce livre permet à tous et toutes de décrypter les discours et actes de propagandes appliqués à toutes les guerres, mais aussi aux « conflits » sociaux et sécuritaires.
« La propagande est à la société démocratique ce que la matraque est à l’Etat totalitaire. » (CHOMSKY Noam, Propaganda)
Documentaire associé :
Un écrivain (Jean Bricmont), deux historiennes (Anne Morelli et Annie Lacroix-Riz), un expert militaire (le Général Forget), et une journaliste (Diana Johnstone) comparent ces thèmes de propagande en Irak avec ceux développés lors d'autres conflits, tels celui de 1914-18, les coups de force hitlériens des années '30, les guerres de Yougoslavie ou celle d'Afghanistan...
Attention, gardons notre sens critique même devant ce reportage lui-même critique : la comparaison entre l'armée US et un régime totalitaire est parfois facile...
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