16 janvier 2011 dans Quelle société !, Vivons livres ! | Lien permanent | Commentaires (0)
En octobre, je vous avais dit beaucoup de bien de cette pièce de théâtre :
"Des fleurs pour Algernon"
mis en scène par Abdou Elaïdi et joué par Denis Beaudoin (roman original de science-fiction par Daniel Keyes).
En bref, c'est l'histoire de Charly Gordon, simple d'esprit, que 2 chirurgiens psychologues vont opérer pour tenter de démultiplier ses facultés mentales. Charly tient alors un journal à leur demande, pour témoigner des évolutions qu'il ressent. Algernon, elle, est une souris blanche qui a subi le même traitement. Elle donne ainsi un aperçu des formidables évolutions intellectuelles à espérer pour Charly. Mais Algernon finit par régresser, présageant alors de la terrible décrépitude qui attend Charly, devenu "hyper intelligent"...
Sachez que cette pièce sera à nouveau jouée
jeudi 10 et vendredi 11 juin 2010, à 21h
au Parc de Miribel, 38330 Montbonnot
(sous chapiteau)
Je vous recommande vivement cette pièce, je l'ai personnellement trouvée vraiment très intéressante. Elle est à la fois comique et tragique, amusante et émouvante. Mais elle nous fait surtout réfléchir à nos réactions face aux différences entre les gens. Elle pose la question du regard sur l'autre, le regard sur les handicapés, à travers l'odyssée de Charly "hyper intelligent". On en ressort grandi, fort de cette extraordinaire expérience vécue à travers Charly.
A ne pas manquer !
Voir aussi mon compte rendu de la pièce quand je l'ai vu la 1ère fois.
Tarif : 7€ - 10€, durée 1h15
Réservations : http://lesantidotes.free.fr ou 06.26.35.01.93
http://algernon.over-blog.fr
02 juin 2010 dans Comportements humains, Evénements, Vivons livres ! | Lien permanent | Commentaires (0)
Isaac Bashevis Singer est un auteur juif polonais. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1978.
Je lis en ce moment (certaines de) ses nouvelles dans le recueil de recueils "La couronne de plume et autres nouvelles" (1600 pages !).
L'oeuvre de Singer me fait mieux connaître le judaïsme, dans lequel elle est très ancrée. Lire ces nouvelles, c'est respirer Varsovie et les villages, avec ses odeurs de blintzes, de bortsch, et de kreplach. C'est entendre les chants de shabbat, passer d'une synagogue à une yeshiva. (Le glossaire présent en fin de livre est bien utile...) On est plongés dans le quotidien où la culture juive organise chaque pas et chaque étape de la vie. On remonte au "Vieux Monde" polonais d'avant-guerre, petit univers de tailleurs, colporteurs, mégères et rabbins. Les gens y sont très superstitieux. La place de la femme y est aux fourneaux et aux berceaux.
Certaines nouvelles se passent à New York, après la guerre. Le contexte est alors plus moderne et les protagonistes, juifs immigrés aux USA (comme l'a fait l'auteur en 1935), font souvent référence aux temps anciens, d'avant la Shoah. L'auteur creuse ainsi toujours le même humble groupe humain, pour atteindre le noyau dur de l'humanité, qui dépasse le simple cadre de la religion juive.
Les thèmes de prédilection de Singer sont les tourments, les troubles de l'âme, l'exaltation, le bien et le mal, les femmes et les passions des hommes. Le tout avec beaucoup d'humour.
Un autre aspect de ces histoires me plait beaucoup et les rend indémodables : au quotidien très réaliste, vient s'ajouter une dimension surnaturelle, merveilleuse, qui fait entrer dans l'histoire l'esprit d'un mort, des âmes qui se réincarnent, ou des démons qui hantent des maisons. Tel un enchanteur, l'auteur nous fait croire en l'incroyable, et cela d'une façon toute naturelle. Il nous emporte avec lui et nous amène à avoir de la compassion même pour un démon, ou à être persuadé que tel personnage est la réincarnation de tel autre.
Ce style surnaturel n'est pas sans rappeler celui d'Edgar Allan Poe et ses "Histoires Extraordinaires" (un des auteurs préférés de Singer, avec Tchekhov et Maupassant, dans la catégorie des nouvellistes). Et vous avez peut-être reconnu le style que j'aimerais, très modestement, arriver à donner à mes nouvelles, comme "Au suivant", "L'enfer, saignant ou à point ?" ou "Expérience en Allégoria".
Les gens de l'époque croyaient sincèrement en l'authenticité de ces histoires, tout comme ils étaient convaincus que l'enfer était tel que le Talmud le décrivait. La religion empiétait grandement sur le terrain de la superstition, d'où une certaine crédulité, alimentée de plus par la tradition orale. Tous admettaient alors facilement, par exemple, qu'un hangar ait pu entièrement disparaître, pour réapparaître au même endroit quelques jours plus tard. "Dès mon enfance, je savais qu'il existe des entités dont nous n'avons pas la moindre idée mais qui existent. Appelez-les esprits, fantômes ou lutins."
Singer disait aussi : "Lorsque j'entends une histoire qui m'intéresse, je la note sur un carnet, et il se peut que je la transpose ensuite dans le cadre d'un village polonais d'il y a cinquante ans. Généralement, je n'utilise un sujet que s'il me permet d'introduire le surnaturel."
"Une nouvelle doit aller droit vers son temps le plus fort. La tension et le suspense ne doivent jamais faiblir. La brièveté est son essence même. Le plan doit être très précis."
Voici un extrait de la préface, pour vous donner un aperçu des histoires sans en gâcher le suspense :
Moins surnaturel mais tout aussi fin et sensible, la nouvelle "Yentl" a été adaptée au cinéma par et avec Barbra Streisand (1983). Yentl, que sa condition de femme réserve aux fourneaux, se déguise en homme nommé Anshel pour pouvoir étudier comme eux. Elle devient amoureuse de son collègue d'études, Avigdor, qui la croit être un jeune homme. Avigdor, lui, aime Hadass, mais ses parents s'opposent à leur mariage. C'est Yentl-Anshel qui se retrouve mariée à Hadass, sans que celle-ci découvre le vrai sexe de Yentl-Anshel. La situation présente donc trois amours impossibles. Yentl va alors se révéler et sacrifier ses espoirs amoureux envers Avigdor : elle divorce d'avec Hadass et contraint ainsi ses parents à accepter que Hadass épouse Avidgor.
Pour lire quelques nouvelles de Singer (mais en anglais) :
26 janvier 2010 dans Vivons livres ! | Lien permanent | Commentaires (0)
Le livre m'avait tellement plu que je n'ai pas hésité à aller voir une adaptation sur les planches de ce grand classique de science-fiction (1959).
Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes
C'est l'histoire de Charly Gordon, simple d'esprit, que 2 chirurgiens / psychologues vont opérer pour tenter de démultiplier ses facultés mentales. Charly tient alors ce journal à leur demande, pour témoigner des évolutions qu'il ressent. Algernon, elle, est une souris blanche qui a subi le même traitement. Elle donne ainsi un aperçu des formidables évolutions intellectuelles à espérer pour Charly.
Daniel Keyes, l'auteur, représente la simplicité d'esprit de Charly par une orthographe atroce, presque phonétique, des phrases plus que simples, dénuées de ponctuation. Lorsque j'avais recommandé ce livre à mon frère, il avait refusé de le lire car il craignait que sa propre orthographe, pas très assurée, soit négativement influencée par une telle lecture... :-) Dans cette adaptation théâtrale, l'unique acteur jouait très bien le personnage attardé, par une locution hésitante et des mimiques enfantines. L'acteur, âgé d'une soixantaine d'années, n'avait alors plus d'âge. Puis progressivement, le nouveau Charly prenait place, de plus en plus sûr de lui, jusqu'à être autoritaire, colérique, et au langage châtié. La forte stature et l'âge noble de l'acteur renforçait alors le caractère du personnage.
Avant l'opération, Charly est triste de se faire battre par Algernon dans les tests qu'ils passent tous les deux : trouver son chemin dans un labyrinthe. Mais il apprécie cette souris blanche pour sa belle couleur et sa douceur. L'idée de probablement devenir aussi intelligent qu'elle le rend heureux. L'innocence de Charly est touchante par ses idéaux simples, mais aussi par sa sensibilité à ces petits choses qui l'affectent beaucoup : il est par exemple désespéré de ne pas avoir su à quelle image telle tâche d'encre aurait du lui faire penser.
Une fois opéré, ses capacités intellectuelles progressent extrêmement vite. En quelques semaines, il comprend et mémorise tout ce qu'il lit, apprend de nombreuses langues (vivantes ou mortes), et devient encore plus compétent que ses chirurgiens eux-mêmes. Mais cette compréhension de plus en plus rapide et complète du monde s'accompagne d'une incompréhension des humains, ceux-là même qu'il croyait comprendre auparavant. Charly considérait comme des amis ses collègues à la fabrique de boîtes en plastique où il travaillait. Mais il se rend maintenant compte que ces "jeux" qu'il appréciait naguère n'étaient que moqueries et dénigrements de la part de ses collègues. Il en souffre alors maintenant beaucoup, a honte de son "lui" d'avant, est désespéré de ne pas pouvoir remonter le temps et s'aider lui-même. Il se sent terriblement seul, impuissant et étranger même à son existence passée, si différente de lui maintenant. Il devient extrêmement critique avec les autres et rejette à son tour tous les individus qui ne sont pas aussi intelligents que lui.
Mais Algernon finit par régresser. Elle ne trouve plus la sortie du labyrinthe, ne s'alimente plus, s'entête à reprendre les comportements bêtes (bestiaux) d'avant l'opération. Charly est pris de panique : il a sous les yeux sa propre décrépitude à venir. Qu'est ce qui peut faire davantage souffrir que de savoir dans quel état on va finir, sans aucune échappatoire ? Savoir que cette parenthèse d'évolution accélérée est sur le point de se refermer ? Que l'avenir sera à nouveau fait de bêtise et d'ineptie, contre lesquelles le génial Charly s'insurge tant ? Redevenir un de ces sinistres crétins que Charly dénigre tant... Déjà, Charly ne comprend plus ses propres notes dans son journal. Il ne comprend plus le si beau (mais si complexe) poème "Paradis perdu", de J. Milton. En contrepartie, il se sent à nouveau apprécié des ses anciens collègues de l'usine. Retour aux plaisirs simples de la vie, comme si cette période de génie n'avait jamais eu lieu.A la place de Charly, quelle serait votre dernière pensée "géniale", dont vous seriez conscients que c'est la dernière, avant l'inéluctable régression ? Pour ma part, je pense que j'aurais un infini regret d'avoir critiqué ces personnes "inférieures" car différentes. Au début de sa phase géniale, Charly souffrait de ne pouvoir projeter sa bienveillance vers son "lui" passé ; or, lorsqu'il redoute sa propre dégénérescence, il se rend compte que par son comportement critique bien que génial, c'était de la malveillance vers son propre "lui" futur, qu'il projetait !
Charly passe par trois stades. En mettant en scène un arriéré, on regarde d'abord de l'extérieur le personnage évoluer. "Heureusement, je ne suis pas pas cet idiot de Charly." Puis il devient à peu près intelligent, il s'exprime comme nous. Nous nous identifions à lui. L'auteur nous entraîne alors avec Charly vers une situation "idéale" où nous sommes doués d'une intelligence sans égale. Puis nous régressons, emmenés par le malheureux Charly. Nous ne pouvons alors faire autrement que de réagir, de nous révolter contre notre propre fin !
L'auteur met en scène la différence entre les individus, représentée par les différents stades intellectuels de Charly. Mais c'est surtout nos réactions face à ces différences dont il s'agit dans cette œuvre. Charly est un miroir qui nous rappelle que nous avons eu la chance d'être arrivé à ce stade d'évolution cérébrale, c'est-à-dire la chance d'avoir été (relativement) acceptés comme nous sommes jusque là, et nous avons (relativement) accepté les autres dans leurs différences. Nous devons alors, nous spectateurs, faire les bons choix pour ne pas en arriver à la descente aux enfers de Charly. Cette descente risque de nous emmener, paradoxalement, aux "sommets" d'arrogance d'où on rejette les autres, ou aux tréfonds d'où on subit la discrimination des autres.
Charly avait-il le choix ? Non, le miracle de la science lui est tombé dessus, il a été spectateur de sa propre évolution, il l'a subie sans la comprendre. Mais nous, nous disposons de ce choix. Pour nous aider à prendre le bon chemin, cette œuvre, par le "sacrifice" de Charly, nous remet à l'esprit cet atout dont nous disposons : une vision globale des différents comportements possibles et de leurs conséquences. Contrairement à Charly, nous ne ressortons pas de cette expérience "comme si cette période de génie n'avait jamais eu lieu" : nous, nous savons comment c'était "avant", et nous savons déjà comment cela risque d'être "après" ! Contrairement à Charly, nous avons toujours la possibilité de projeter notre bienveillance sur les personnes différentes de nous, et nous avons déjà conscience que nous projetons (relativement) trop de malveillance sur les autres. L'altérité entre "moi" et les autres est représentée par le passé et le futur de Charly. "L'autre" est potentiellement un "moi" futur (ou passé).
Ainsi le message de l'œuvre "Des fleurs pour Algernon" s'adresse à chacun de nous ; mais pour bien l'entendre, chacun doit l'écouter d'une oreille globale, c'est à dire se mettre à la place des autres. S'inquiéter de ne pas subir de discrimination est directement lié à s'inquiéter de ne pas en causer. Cette sensibilité à la réciprocité est un élément requis à la lutte contre la discrimination.
Justement, à la sortie du théâtre, un des jeunes qui étaient présents avait le comportement critiqué par cette pièce. Il parlait de l'acteur : "Dès le début, quand j'ai vu le genre d'hystérique que c'était, j'ai pensé laisse tomber, toi j't'aime pas... Direct." Puis : "Ce genre de pièce, ça devrait être interdit au plus de 15 ans !" Malgré sa vingtaine d'années, il n'avait pas été sensible au message. Il n'a du percevoir que le côté science-fiction de la pièce : imaginer qu'on puisse devenir très intelligent. Mais le côté initialement ridicule du personnage l'a malheureusement dégouté et il a été hermétique à tout le reste de la pièce. Du coup, lui qui avait fièrement passé l'âge des marionnettes pour enfants, il se sentait insulté par cette prestation qu'il jugeait ridicule et sans intérêt.
Dans cette adaptation théâtrale, l'unique acteur (Denis Beaudoin, ancien informaticien reconverti au théâtre) avait une manière particulière de saluer : modeste, discret, presque gêné. Il a même pensé à orienter les applaudissements vers la souris blanche factice, comme si c'était Charly lui-même qui rendait hommage à son alter ego. Même le crâne humain à qui s'adressait parfois l'acteur a eu droit à de la reconnaissance. Je sentais donc par ces petites attentions, sans prétentions, que Denis Beaudoin s'impliquait personnellement dans le message qu'il véhiculait à travers son jeu de cette œuvre. En effet, il a créé l'association Les Antidotes pour proposer animations, théâtre, ou lectures à des victimes discrètes de discriminations : les personnes âgées, atteintes de morosité et de solitude. "Savez-vous qu'une personne âgée sur cinq n'a pas l'occasion de parler quotidiennement à quelqu'un !"
Quant au metteur en scène (Abdou Elaïdi), il œuvre depuis plusieurs années dans les banlieues dites difficiles de Grenoble. Il travaille avec des jeunes qui ont besoin de reconnaissance et de se réaliser à travers ce qu'ils font.
10 octobre 2009 dans Comportements humains, Vivons livres ! | Lien permanent | Commentaires (1)
Dernier épisode de ce très beau livre, pour consolider notre gentillesse et améliorer notre rapport aux autres (voir le 1er, le 2ème, et le 3ème épisode) :
13. La loyauté est notre capacité à être toujours présent pour un ami, y compris dans les moments difficiles. En effet les relations entre les êtres sont construites comme des maisons : soit superficiellement pour un avantage immédiat, soit profondément ancrées, pour durer. Les personnes moins loyales ont peur de ce qu'elles pourraient voir au fond de leurs sentiments. La fidélité commerciale à une marque est une sorte de loyauté. Elle repose sur notre besoin désespéré d'accorder notre confiance à quelque chose, de nous sentir protégé. Ce besoin naît du fait que la continuité et la stabilité des relations sont devenues des marchandises rares.
14. La mémoire : nous avons tendance à oublier les personnes que nous avons côtoyées dès qu'elles ne nous servent plus, comme si elles n'existaient plus. Pourtant elles continuent à mener leurs vies, sans nous. Et, qui sait,un coup de téléphone aurait pu leur montrer que quelqu'un pense à elles. L'essence de la mémoire réside dans les émotions qu'elle conserve, dans le sens donné aux souvenirs, aux relations qui restent vivantes grâce à elle. Ce sont les ingrédients de notre histoire qui construisent notre vie et notre identité. Nous sommes qui nous sommes selon la façon dont nous nous souvenons de notre vécu. Lorsqu'un défunt vit encore dans nos souvenirs, il est à nouveau parmi nous. Ainsi, évoquer la vie d'un défunt peut être la meilleure aide à apporter à ses proches.
15. La gratitude : reconnaître la valeur de ce que l'on a permet de se sentir riche et chanceux. Le bonheur passe par la capacité à se réjouir de choses simples. La gratitude repose sur l'acceptation de se faire aider, et être content de recevoir ce soutien. Chaque soir, notez ce qui a rendu le plus votre journée satisfaisante : vous constaterez rapidement une amélioration de votre humeur générale. En effet, la consolidation de la gratitude sera révélateur que vous ne vous sur-estimez ni ne vous sous-estimez pas, que vous comprenez dans quelle mesure les autres contribuent à votre bien-être, et que vous appréciez ce qu'il y a de bon dans la vie. Que souhaiter de plus ?
16. La serviabilité est une façon d'être qui consiste à soutenir ceux qui nous entourent, à nous faire du bien les uns les autres. Les occasions sont nombreuses et variées : remonter le moral d'un ami par une plaisanterie, écouter et comprendre quelqu'un qui se sent alors en paix... En nous aidant à devenir plus désintéressé, la serviabilité nous rend plus libres, et nous offre la chance de donner le meilleur de nous-mêmes. C'est une façon de nous dépasser nous-mêmes, de mettre nos mécontentements de côtés parce qu'on a bien mieux à faire : nous occuper des autres.
17. La joie : l'une des caractéristiques de la gentillesse est que celui qui s'y livre le fasse avec plaisir., et non par sacrifice. Pour atteindre cette joie, demandons-nous ce qui nous rend heureux. Elle est toujours à portée de main, pour tous. Altruisme et égoïsme peuvent se rejoindre : nous sommes plus heureux lorsque nos relations avec les autres sont meilleures (on gagne à être altruiste) ; réciproquement, nous pouvons être vraiment utiles aux autres si nous faisons ce qui nous passionne et nous grandit (les autres gagnent à ce qu'on soit un peu "égoïste").
Conclusion de ce voyage intérieur : Il s'agit de découvrir ce qui nous procure de la satisfaction et de la joie, de trouver notre note personnelle. Être gentil est la meilleure façon de devenir soi-même. Chaque individu contient en lui toute l'humanité. Si nous parvenons à améliorer la vie d'un individu, c'est une réponse (modeste) que nous apportons aux souffrances de la planète, et une grande victoire interpersonnelle.
16 octobre 2008 dans Comportements humains, Vivons livres ! | Lien permanent | Commentaires (3)
Troisième épisode de ce très beau livre, pour consolider notre gentillesse et améliorer notre rapport aux autres (voir le 1er épisode, et le 2ème épisode) :
8. La modestie : accepter ses propres faiblesses donne paradoxalement de grandes forces. Dans nos relations aux autres, nous pouvons accepter que chaque humain soit une leçon vivante, aux expériences enrichissantes, si seulement nous reconnaissons avoir toujours à apprendre à son contact. Une personne modeste accepte ce qu'elle est, et n'essaye pas d'être ce qu'elle n'est pas. Elle s'autorise à être ce qu'elle est vraiment, et elle sait se contenter de ce qu'elle a. La modestie nous fait retrouver le goût des choses simples.
9. La patience est une façon de comprendre et respecter le rythme des autres. Face à une personne difficile (casse-pied, irritante, ou qui réclame du temps), l'art de la patience l'aide à se sentir mieux avec elle-même. Une réaction fermée et intolérante créerait une situation difficile. Pour être gentil, il faut disposer de temps. La vie contemporaine accélère constamment, d'où un certain refroidissement global. Toujours plus économes en temps, nous devenons moins disponibles pour des relations chaleureuses et libres de toute pression. La patience est ainsi la faculté de ne pas se laisser effrayer par le vertigineux passage du temps.
10. La générosité : donner ce qu'on a de plus cher n'apporte pas forcément un avantage matériel, mais plutôt une révolution intérieure par laquelle nous devenons plus souples, plus disposés à prendre des risques. Être généreux signifie vaincre cette peur ancestrale de perdre ce que nous possédons. La véritable générosité passe par la compréhension du besoin de l'autre, sans générer de culpabilité, ni de sentiment de dette ou de dépendance. Elle est un don fait librement, qui suscite à son tour de la liberté. Générosité et estime de soi sont directement liées. La générosité améliore l'humeur. "Rien ne rend plus heureux que de venir en aide à quelqu'un qui va mal." source
11. Le respect : c'est savoir voir, savoir écouter. Respecter quelqu'un, c'est le voir et l'accueillir pour ce qu'il est vraiment, et aussi pour ce qu'il peut devenir. La façon dont on considère quelqu'un peut modifier cette personne : une qualité potentielle peut devenir réelle si on cherche à la voir.
12. La flexibilité : accepter les frustrations, s'adapter à tout, est une technique indispensable de survie. On ne peut pas toujours adapter à nous le monde extérieur, il est parfois plus sage de ne pas vouloir tout contrôler et de se laisser porter par le flot des événements. Dans un couple, si les besoins de l'un deviennent des exigences à satisfaire d'urgence par l'autre, la relation devient pesante. Flexibilité signifie aussi fluidité et adaptation au devenir. Cela implique de nous détacher de nos anciens modèles qui nous dictaient notre comportement, puis de consacrer notre attention sur le moment présent, et enfin d'être prêt à toujours réessayer.
27 septembre 2008 dans Comportements humains, Vivons livres ! | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Nouvel épisode de ce très beau livre pour consolider notre gentillesse et améliorer notre rapport aux autres (voir le 1er épisode) :
4. Sentiment d'appartenance : Chacun a besoin de faire partie d'une communauté. Cela permet de nous définir par rapport aux autres. Se sentir membre d'un groupe donne de la force. Un jeune qui se sent isolé, incertain de sa propre identité, impuissant dans un monde qui dépasse son contrôle, risque de chercher à s'affilier coûte que coûte à un groupe, même dangereux ou extrémiste. La gentillesse repose sur cette sensation de faire partie d'un tout, car elle a besoin, pour s'épanouir, qu'on se sente protégé et entouré. Il est plus simple d'être gentil avec les gens si on considère que nous partageons un destin commun.
5. La confiance : Accorder sa confiance à quelqu'un est un pari qui fait courir le risque d'être trahi ou abandonné. C'est ce risque qui rend la confiance si précieuse. Elle est un cadeau qu'on offre à cette personne. On améliore ainsi l'image qu'il a de lui-même. La confiance est au cœur d'une relation réussie. On devrait oser faire confiance à chaque personne, mais le tout est de bien gérer le risque que cela entraîne.
6. L'empathie : Etre sensible aux émotions des autres nous fait participer à leurs vies. Cette empathie est nécessaire à la vie en commun et à la cohésion sociale. Elle améliore toutes sortes de relations. Le stade le plus noble de l'empathie est la compassion : une participation, une identification intense et sincère à la souffrance et aux soucis des autres, tout comme à leurs joies.
7. L'attention : Etre attentif au présent et vivre pleinement chaque instant rend tout plus intéressant. Tout peut devenir objet de contemplation, chaque instant renferme des merveilles. Mais pour cela, il faut cesser de superposer au présent nos attentes et opinions, pour nous laisser surprendre et apprécier les nouveautés. Sans préjugés ni idées préconçues, nous atteignions une ouverture d'esprit totale. De même, prêter attention aux autres améliore nos relations avec eux : "je prends soin de toi, je t'écoute".
3ème épisode à lire ici !... En attendant : lire un extrait chez Durgalola
14 août 2008 dans Comportements humains, Vivons livres ! | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
La "gentillesse" peut paraître superficielle ou insuffisante pour devenir (ou rester) heureux, mais je me suis tout de même laissé tenté par ce livre. Et je n'en suis pas déçu.
Par "gentillesse", il faut entendre une re-expression de la notion de "bonheur" du Dalaï Lama (cf. "L'art du bonheur"), proche même de la notion d'Amour du prochain.
"L'art de la gentillesse" montre qu'améliorer nos rapports aux autres et nos modes de fonctionnement, nous apporte d'incalculables bienfaits. "La gentillesse est une des clefs du bonheur. Du nôtre comme de celui d'autrui." L'auteur relie constamment l'état d'esprit et le corps : l'un a des conséquences directes sur l'autre. Ferrucci illustre abondamment ses propos par des exemples personnels et des références aux mythologies du monde.
Pour consolider notre gentillesse et améliorer notre rapport aux autres, veillons à raviver ses 17 ingrédients, analysés par l'auteur :
1. La franchise simplifie la vie : elle peut être embarrassante si on manque de tact, mais on est fait pour dire la vérité par défaut. La franchise entraîne une certaine transparence, d'où des rapports plus sains avec les autres. Nous nous laissons voir tels que nous sommes réellement. Etre honnête avec les autres nous amène à être honnête avec nous-même.
La gentillesse doit être vraie, franche, et pas une courtoisie vide de sens. Cette franchise est nécessaire à la vraie communication. Nous pouvons aussi être francs sur nos points positifs que nous cachions : montrer notre tendresse ou émotivité nous réconcilie avec la plus belle part de nous-même.
2. Le pardon est un soulagement : on ne devrait pas ressasser les torts subis par le passé, mais plutôt nous ouvrir à la joie. L'énergie consacrée à la haine ou au mal-être devient alors disponible pour des choses bien plus positives. Pardonner consiste à ne pas nourrir de notre colère les torts subis, mais en les ayant tout de même à l'esprit (mieux vaut se prémunir pour qu'ils ne se répètent pas).
Faire la paix avec le passé est parfois difficile et paradoxal, mais le pardon apporte joie, confiance et générosité. S'il vous semble impossible, changez de point de vue, prenez de la hauteur par rapport aux événements, voyez le problème avec détachement. Pour cela, pensez depuis votre noyau sain et fort : repensez à ce que vous chérissez le plus, ce qui vous fait vous sentir bien dans la vie. Dans cet état d'esprit, reconsidérez le problème : il devient alors plus facile à pardonner.
3. La chaleur qui peut sauver : pour Dante, la chaleur est la condition de toutes les émotions. C'est elle qui rend possible la vie elle-même. La proximité des autres et leur chaleur sont des besoins physiquement vitaux. Avec quelqu'un de chaleureux, on se sent à l'aise, on n'a plus besoin de se montrer compétitif.
La chaleur est le cœur de la gentillesse. La froideur, elle, est liée à l'inaccessibilité et à l'éloignement, qui empêchent l'intimité. On n'ose parfois pas se montrer chaleureux, s'ouvrir aux autres, à cause de peurs archaïques : on craint la dissolution de nos propres frontières, la pulvérisation de notre personnalité. On s'enferme alors dans notre solitude, alors que la chaleur facilite le contact à l'autre (à condition de respecter ses limites et son intimité).
... La suite ici (#2/4) !
08 juillet 2008 dans Comportements humains, Vivons livres ! | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
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